Consultation

XVIII, folios:49 50
Boczosel, Soffrey de, seigneur de Chastelard
M. de Gordes
Lettre non liée
21/07/1572
l
Paris

Transcription

Les mots surlignés font l'objet d'une note

1

Monsegneur, je vous ay escrit du XIXe dans un pacquet

2

du roy. Lendemain, XXe de ce moys, Michalon arriva devers monsieur

3

Bellièvre du matin, qui sur l’heure mesme envoya appeler

4

monsieur d’Hourche et moy, et receumes par ses mains votre lettre

5

du XVe. Son propoz feut que sur la lettre que je luy avoit présentée

6

de votre part du Ve, il ne m’avoit voulu dire la poursuitte où

7

il estoit lors de tirer monsieur Truchon du Daulphiné

8

en une honorable charge par deça, suivant sa volonté de

9

faire mettre monsieur le président Bellievre son frère en son estat

10

de premier président, et monsieur de Pressins en celuy de tiers, d’autant

11

qu’il vouloit, lorsqu’il s’agissoit de voz mémoires, laisser

12

son frère en arrière, et ses propres poursuittes, pour donner

13

lieu à voz poursuittes et servir à voz commodités, comme il

14

estoit encore en ceste mesme volonté et que du XIXe il estoit

15

entré en quelzques propoz avec monsieur le comte de Retz de

16

ce premier desseing, mais qu’il n’avoit rien voulu toucher

17

de la maladie dudit seigneur Truchon, de peur de nuyre

18

à votre poursuitte ; et finablement, puis voz lettres receues

19

par ledit Michalon, il n’avoit voulu sortir pour aller au

20

chasteau sans nous avoir parlé, et s’estoit résolu avec nous

21

du moyen que l’on avoit à y tenir pour votre contentement,

22

suivant ce que vous nous escriviés de faire, le tout par son

23

advis et considérantz que votre volonté et son premier desseing

24

concourroint en ce que monsieur son frère vint en l’estat de

25

premier président, et que vous vous contenteriés de pouvoir faire votre

26

profit de l’estat de tiers président, et que la sienne aussi

27

estoit que prinsiés ce profit de monsieur de Pressins,

28

qui avoit volonté d’estre président et bon pouvoir de

29

financer, et que davantaige monsieur le comte de

30

Retz tiendroit à obligation grande que préférissiés ledit sieur de

31

Pressins et quasi le missiés en jeu comme le recherchant

32

d’en composer avec vous. Nous nous résolumes d’aller

33

[v°] trouver la royne ; que monsieur d’Hourche reprendroit

34

le propoz qu’il luy tint suivant voz lettres du Ve, luy feroit

35

entendre les novelles que l’on avoit de l’estat dudit sieur Truchon

36

et luy présenteroit votre lettre. Nous trouvâmes la royne à Saint-

37

Tomas du Louvre à l’issue de sa messe. Monsieur d’Hourche

38

s’acquitta fort bien de sa charge, remonstra à la royne

39

suivant l’instruction dudit sieur Bellièvre que les estatz

40

de présidantz ne se mettent poinct en taxe ; que le

41

roy, vous accordant ce don[t] vous le requeriés, ne contrevenoit

42

poinct à ses ordonnances sur le faict des offices et parties

43

casuelles ; que, comme monsieur le tiers président Bellièvre

44

entreroit au lieu de premier, duquel il estoit très

45

digne, vous regarderiés aussi de nommer en sa place de

46

tiers président quelque homme capable de telle charge ;

47

voz services, despenses, attentes et fraische

48

promesse de vous faire paroistre leur bonne volonté, la

49

bonne occasion que s’en présentoit. Sur quoy la royne

50

remit d’en parler au roy, devers lequel elle alla

51

tout sur l’heure, de sorte que s’en est ensuivi don de l’office

52

de premier président, advenant le décès de monsieur Truchon,

53

à monsieur le président Bellièvre et don à vous de

54

l’estat de tiers président pour en faire votre profit et y

55

nommer l’homme capable. De quoy, à l’issue que la royne

56

fit du cabinet du roy, elle advertit monsieur d’Hourche,

57

qui estoit attendant, et le remit à monsieur

58

Brulard, qui en avoit heu le commandement.

59

Nous retournâmes après disner devers monsieur

60

Bellièvre, où nous trovâmes monsieur le président des

61

comptes Fléhard, avec lequel il fut d’advis que l’on

62

commença à entrer en quelque traicté, attendant

63

que monsieur le comte de Retz, qui avoit dict à monsieur

64

[fol.50] Bellièvre qu’il se rendroit en son lougis pour négotier

65

se faict en faveur de monsieur de Pressins, y arriva.

66

L’offre de monsieur le président des comptes fut de huict mil

67

livres, puys de neuf mil, puys de neuf mil cinq cens.

68

Nous demandions douze mil, attendu qu’il y avoit XIIc

69

livres de gaiges. En fin, on se rabaissa à dix mil l[ivres],

70

luy ne voulant passer plus oultre, monsieur Bellièvre

71

fut d’advis d’aller devers monsieur le comte de Retz, tant

72

pour luy faire entendre que pour son respect vous

73

estiés content de nommer ledit sieur de Pressins, qui d’ailleurs

74

est très digne de telle charge, que pour ordonner de

75

la finance qu’il vous en payeroit. Mondit sieur le

76

comte, pour conclusion, pria monsieur d’Hourche d’accepter

77

pour vous l’offre de IX m[ille] Vc livres pour l’amour de luy ;

78

qu’il vous auroit obligation de tout ce que l’office valloit

79

de plus, et qu’il s’employeroit en quelque bonne occasion

80

envers le roy pour quelque bienfaict de plus grande importance

81

pour la récompense de voz services. Voilà où le tout

82

s’est résolu. Nous regarderons de parfaire le surplus

83

si nous avons nouvelles que Dieu aye appellé à soy monsieur

84

Truchon, que sera une perte très grande au roy et à sa

85

justice, à vous monsieur, d’ung fidel et sage amy, à tous

86

ceulx de la province où il présidoit pour la justice, et à

87

moy d’ung fort bon segneur et bon amy. Son pauvre

88

nepveu, qui est à monsieur le prince daulphin, est

89

fort désolé. Il aura bien besoing de votre recommandation

90

à l’endroit de mondit segneur son maistre.

91

Je obliay le XIXe à vous escrire comment monsieur de

92

Villeroy m’avoit mandé, sur une lettre que vous luy

93

avez escritte de ce moys touchant le payement de votre

94

estat de la présente année, il me dict à la verité

95

[v°] que le trésorier Le Febvre pouvoit retarder votre

96

payement pour se pendant s’ayder de voz deniers ; si m’a

97

il dict et asseuré que vous toucherés argent pour

98

la fin de ce moys de jullet. Je me plaignis à mondit sieur

99

de Villeroy du retranchement de votre estat

100

à II m[illes] livres pour an. Il me dict que la loy en estoit

101

générale pour touttes les provinces, tant où il n’y a

102

poinct d’assemblée d’estatz – où les lieutenantz généraulx

103

puissent avoir quelque don hors l’estat du roy – que

104

pour les autres. Je me obstinois en solicitations pour votre

105

payement des années passées. Je m’en tayray, attendant

106

scavoir ce que Dieu aura disposé de la vie de monsieur

107

le président Truchon, et votre volonté àprès ce bien faict

108

qui est en pur don.

109

Ce matin, le roy est allé en Brye courir le cerf,

110

la royne à Monceaux, attendre madame

111

la duchesse de Lorrayne. La nouvelle est

112

venue de la part du gouverneur de Guyse que

113

le sieur de Jenlis et sa trouppe ont esté mis en

114

pièces en lieu nommé Bossu, à trois lieues de

115

Mons et de six lieues de Valenciennes. On tient

116

que cela est pour toujours retenir le roy de ne

117

se précipiter poinct en celle querelle. Mais la novelle est véritable.

118

Nous n’avons pas heu voz lettres du IXe et néantmoins,

119

le roy en a receu de vous du Xe, ausquelles et

120

à celles du Ve, sa majesté faict response.

121

Monsieur de Gargas et ses compagnons se portent bien, hors mis

122

que l’ung se deurt de la petitte vérolle. J’estime que leur

123

maistre vous escrit des novelles de votre filz. Je

124

présente mes très humbles recommandations à votre bonne grâce.

125

Monsegneur, je prie Dieu qui vous conserve en bonne

126

santé et très longue vie. De Paris, ce XXIe jullet

127

1572.

128

Votre très humble serviteur

129

S. de Boczosel

Loading...